Bonneau Louise (1942-2018)* ref.144

Photo source le Nécrologue 2018

  • Année et lieu de naissance : 5 novembre 1942 à Tourville, QC
  • Année et lieu du décès :  11 mai 2018
  • Nom du père :  Bonneau Émile (1893-1976)
  • Nom de la mère :  Roy Simone
  • Éducation : Infirmière 1963
  • Profession :  Infirmière à l’hôpital Sacré coeur et au centre d'hébergement Louise-Vachon à Laval
  • Époux :  Brisebois Richard
  • Mariage : 8 janvier 1966
  • Enfants avec épouse :  
    1. Brisebois François
    2. Brisebois Chantal

Voici un texte de Gilles Bonneau, le frère de Louise Bonneau. Cest un texte que j’ai retrouvé sur la page Facebook de la municipalité de Tourville; à l’occasion de leur 100e. 

Un brin d'histoire par Gilles Bonneau    

Comme première chronique sur le site de Tourville, je vous propose un texte que j'ai composé et lu lors des funérailles de ma petite sœur Louise le 27 mai dernier...Bonne lecture.

Étant un lecteur assidu du site des retrouvailles : Tourville 100 ans, beaucoup de souvenirs ont refait surface et je vais prendre le temps de vous livrer quelques chroniques. Soyez patients !

LOUISE (1942-2018)

 Louise est née le 5 novembre 1942 à Tourville dans le comté de l'Islet, petit village de la région de la Côte-du-Sud situé au pied des Appalaches. Mon frère Gaston et moi étions âgés respectivement de 6 et 5 ans lors de cet événement. Les quelques jours précédents cette naissance, nous présentions qu'il se passait quelque chose d'inhabituelle...les activités dans la maison n'étaient pas coutumières. Puis, papa est venu nous reconduire avec notre petit baluchon chez Pépère Avoine (Théophile de son petit nom) dont la maison était située à l'extrémité sud du village. La raison et le temps de séjour dans cette famille nous étaient inconnus. Loin d'être une punition, on retrouva là une atmosphère des plus chaleureuses en plus de fraterniser avec les membres de cette famille principalement Yvon et Florian avec qui nous passions souvent une bonne partie des vacances d'été. Cette famille Avoine était et est toujours d'une grande amitié avec la famille Bonneau.

 Après quelques jours de ce bonheur, on nous ramena à la maison et quelle ne fut notre surprise de voir dans le berceau familial, une petite poupée vivante qui agitait les bras et les jambes sans l'aide de personne...On nous expliqua que la cigogne était venue à la maison nous apporter ce cadeau...on se précipita à l'extérieur afin d'apercevoir cet oiseau messager, sans résultat, puis nous sommes allés voir dans le jardin afin de soulever les feuilles de chou...toujours sans résultat...Je vous rappelle que ceci se passait il y a 75 ans...et que c'est ainsi que le mystère de la reproduction humaine nous était expliqué...Heureusement, nous avons compris bien vite par la suite toute la mécanique de ce mystère...!

 Après la naissance de 9 garçons et une fille, Monique, arrivée dans cette séquence après 3 garçons et un intermède de 5 années, Louise fut sans aucun doute un véritable cadeau du ciel pour nos parents... et moi, j'ai perdu mon statut de bébé de la famille! Je vous mentionne ici pour la petite histoire familiale, que toute cette marmaille est née dans la même maison de Tourville et pour la plupart dans la grande chambre située du côté sud ou il y avait un grand lit de fer aux ressorts fatigués sur lesquels était déposé un matelas rempli de plumes...nous l'avions baptisée: la chambre au lit de plumes. Elle était réservée aux visiteurs et à la grande visite...Nous avions le droit d'y coucher seulement lorsque les couples avaient obtenu leur certificat au pied de l'autel...!

 Louise a donc grandi tant bien que mal avec cette gang de gars s'inventant des jeux de filles et réussissant parfois à asseoir son autorité en participant à nos activités masculines...Sans révéler de grands secrets, on peut affirmer qu'elle a été bien gâtée par cet univers masculin et surtout par nos parents. Son enfance et ses études primaires et secondaires se déroulèrent sans histoire dans le petit village de Tourville...

 À l'âge de 18 ans, Louise fit son inscription à l'école d'infirmières de l'hôpital du Sacré-Cœur, administrée à l'époque par les Sœurs de la Providence et située à Cartierville en banlieue de Montréal. Pourquoi cet endroit...notre grande sœur Monique travaillait à cet endroit depuis quelques années et plusieurs d'entre nous l'avons imité à se rendre dans la grande ville pour le travail et les études spécialisées...c'était pour ainsi dire la police d'assurance de nos parents voyant leurs enfants partir les uns après les autre vers la grande métropole. Cette école, située à même l'hôpital, logeait et pensionnait les étudiantes même celles de la ville, ce qui rassuraient grandement nos parents. Les activités que ces étudiantes infirmières effectuaient chez les malades servaient à payer leur éducation et leur formation. Travaillant comme préposé aux malades à l'époque au même hôpital, je la revois encore arpentant les corridors toute pimpante, le sourire aux lèvres dans sa robe blanche et sa petite coiffe sur la tête. Après ses 3 années d'études, elle gradua comme infirmières licenciées en 1963. Après quelques années de travail, Cupidon se pointa le bout du nez...et elle nous annonça toute radieuse que des projets sérieux de mariage étaient dans l'air. Notre seul beau-frère, Richard Brisebois nous fut présenté. L'autre, celui de Sœur Monique de la congrégation des Oblates de Béthanie, personne de nous n'a encore eu le plaisir de le rencontrer...!

 Après leur mariage célébré le 8 janvier 1966, Louise et Richard sont toujours demeurés à Laval. Très vite, la famille s'est agrandie avec l'arrivée d'une fille, Chantal et peu de temps après, un garçon, François. Pendant  ce temps, Louise continua à travailler à temps partiel comme infirmière au Centre d'hébergement Louise-Vachon à Laval, un Centre qui accueille des personnes lourdement handicapées physiquement et intellectuellement. Pendant plusieurs années, Louise et Richard habitèrent à Ste-Rose et c'est principalement à cet endroit que très souvent la famille Bonneau se réunissait pour faire la fête au grand plaisir de Louise et de Richard. Les soupers de famille à l'occasion des fêtes de Noël sont pour nous tous, des souvenirs mémorables. Tous se faisaient un devoir d'y assister au grand bonheur de Louise principalement. Son roast-beef n'a jamais été égalé de nous tous. L'atmosphère était à la joie et au rire et le sourire de Louise en disait long sur ces moments de grande fraternité familiale. Nos arrivés à la maison même à l'improviste étaient toujours pour Louise et Richard des surprises  fort agréables et des moments de grandes réjouissances. Ces précieux instants de retrouvailles demeureront à jamais gravés dans nos livres de souvenirs.

 Sur le plan personnel, mon épouse Gisèle et moi, avons partagé avec Louise et Richard, quelques mois d'hiver au soleil de la Floride durant quelques années...Encore ici, beaucoup de bons souvenirs refont surface, toujours reliés à la bonne bouffe, au petit verre de rosé et la présence de bons amis... Puis la fatalité s'est installée peu à peu. Au retour d'un séjour en Floride, il y a quelques années, Louise commença à éprouver des problèmes de déglutition et de faiblesse générale. On consulta partout y compris dans la famille croyant qu'il s'agissait d'un mal génétique relativement bénin des gens habitant les localités de L'Islet et de Montmagny. Après quelques mois, alors que le mal s'aggravait, les consultations du personnel médical spécialisé arrivèrent à un diagnostic des plus pessimismes. L'évidence était bien là, c'était bel et bien la Sclérose latérale amyotrophique, la forme la plus agressive et la plus pernicieuse qui avait commencé à faire sa destruction. Seules les personnes atteintes de cette terrible maladie toujours sans traitement peuvent nous dire ce qu'elles ressentent de cette dégradation lente et progressive de leur état physique et mental. Louise et Richard ont vécu tout un choc à l'annonce de ce diagnostic et les activités journalières furent grandement perturbées à mesure que les semaines passèrent. Je sais que Louise a beaucoup pleuré et qu'elle n'a jamais accepté ce mal qui la rongeait.

 Au fil des mois qui passèrent, la maison se transforma peu à peu en chambre d'hôpital. Les ressources intermédiaires se succédèrent à la maison afin d'aider le plus possible Richard comme aidant naturel et il faut lever ici bien haut notre chapeau à Richard pour avoir accompagné Louise tout long de ces longs mois de sa maladie avec autant de courage, de patience, de dévouement et de résignation. Après quelques 30 mois de cette souffrance physique et mentale alors que ses capacités physiques étaient réduites au minimum et que ses déplacements même en chaise roulante devenaient de plus en plus lourds et pénibles, Louise a été obligée, non sans peine, de se rendre à l'évidence de quitter la maison pour un endroit plus adapté à sa condition. Encore ici, la transition ne s'est pas fait sans heurt et sans une grande tristesse. Je vous livre ici un extrait du dernier courriel qu'elle nous a fait parvenir Gisèle et moi,  le 23 avril dernier : Vous savez, cette décision a été la plus difficile pour moi à prendre...l'adaptation est difficile...le personnel est dévoué mais ce n'est pas la maison...finir notre vie séparés...très dur à accepter...mais il faut être réaliste...cette maudite maladie m'a tout pris et ce n'est pas fini...J'ai le médecin d'ici, une femme très gentille et elle a à cœur mon bien-être et elle prend le temps de me parler...mais c'est un combat de tous les jours...le futur pour moi, c'est quoi...???

 Notre première rencontre, Gisèle et moi au CHSLD de Laval fut des plus émouvantes et éprouvantes. Nous avons beaucoup pleuré comme pour nous libérer de ce maudit cauchemar...Par la suite les événements se sont précipités et l'état de santé de Louise s'est dégradé très rapidement. Accourus, Gisèle et moi à son chevet, bien entourée de ses enfants, Chantal et François, de Richard et de leurs petits-enfants, Roxanne, Maude, Olivier et Jade ainsi que des conjoints de Chantal et de François, Louise a lâché prise après une lutte sans merci contre cet adversaire redoutable dans la nuit du 11 mai dernier.

 Ta précieuse famille pour laquelle tu comptais beaucoup, tes nombreux amis, tes consœurs infirmières de ta graduation, tes compagnes de travail, tous réunis ici aujourd'hui, nous saluons  avec admiration ton courage et ta détermination face cette terrible maladie qui sournoisement, est venue bouleverser tes dernières années de bonheur et de bon temps. Repose en paix, Louise, et veille sur nous tous.

Ton frère Gilles.

Québec, Mai 2018.

Photo de Louise Bonneau et son frère Gilles Bonneau 

Photo source Facebook 110e de Tourville, gauche Gaetan St-Pierre et à droite Louise Bonneau 


Photo source de la page Facebook de Tourville 100 ans en 2019 : Michel, Diane, André, tirés par Louise Bonneau




Recherches : Louise Bonneau (1969 -    )*

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